Saviez-vous que le service de l’aménagement et planification (SAP) joue un rôle clé dans le dynamisme de notre territoire ? Le SAP de Nouvelle-Calédonie, rattaché au secrétariat général, propose des stratégies de développement à moyen et long terme en regroupant divers observatoires gouvernementaux et en se concentrant sur l’élaboration du Schéma d’aménagement et de développement (SAD-NC), la coordination des contrats de développement, et la production d’analyses prospectives.
Et ce n’est pas tout ! Le SAP est également un partenaire essentiel du programme Territoires d’Innovation Nouvelle-Calédonie. Ensemble, ils œuvrent pour un développement durable et innovant de notre belle île. Grâce à cette synergie, des projets audacieux voient le jour, contribuant à la croissance économique et au bien-être de notre communauté. Frédéric Guillard, chef du SAP au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie nous en dit plus.
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Bonjour Frédéric. Pourrais-tu te présenter ?
Bonjour ! Je suis Frédéric Guillard, je dirige le Service de l’Aménagement et la Planification (SAP) au Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Le SAP a la charge de la prospective, du schéma d’aménagement et de certains grands projets comme Territoires d’Innovation autour de la préservation de la biodiversité, ou TRIAD pour l’autosuffisance alimentaire.
Avec d’autres acteurs, que ce soit ceux du gouvernement ou du territoire, nous contribuons à faire émerger l’ensemble de l’écosystème de l’innovation en Nouvelle-Calédonie. Cela s’effectue par le biais de soutiens financiers comme pour Territoire d’Innovation mais également via la rédaction d’une stratégie territoriale de l’innovation, dont le texte est en cours de révision, et d’autres actions de cette nature.
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Pourrais-tu nous retracer l’historique du programme Territoire d’Innovation en Nouvelle-Calédonie ?
Territoire d’Innovation a débuté en 2017 avec un appel à manifestation d’intérêt de l’État, porté par le Secrétariat Général pour l’Investissement et relayé par la Caisse des Dépôts. D’étape en étape, le dossier calédonien a été reconnu parmi les 24 dossiers retenus à l’échelle nationale. Nous sommes le seul territoire ultra-marin à avoir été lauréat.
Nous sommes également le seul projet parlant de l’océan et de la biodiversité. Faire de la préservation de la biodiversité et de l’environnement un levier de croissance est au cœur de cette action. A l’échelle internationale ce sujet est enjeu majeur, mais c’est en général un poste de dépense très important pour les collectivités publiques, souvent bien au-delà de leurs capacités. L’idée intéressante avec Territoire d’Innovation est de mettre le privé au cœur du dispositif pour que, par son activité, il soit amené à crée lui-même de la valeur sur la préservation de la biodiversité. C’est une relation gagnant-gagnant ; les entreprises y gagnent en faisant du chiffre et la collectivité y gagne car elle obtient plus de moyen pour agir en faveur de la préservation de l’environnement.
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Beaucoup des porteurs de projets travaillent également grâce à de nombreuses innovations technologiques. Était-ce un critère important pour leur sélection ?
L’objectif premier pour nous était de répondre aux grilles de lecture de la Banque des Territoires, c’est à dire soutenir des sujets innovants. Grâce à Territoire d’Innovation, la préservation de la biodiversité se fait dans un projet en soi extrêmement innovant. L’innovation en Nouvelle-Calédonie n’est pas forcément une rupture telle qu’on peut la trouver ailleurs dans le monde, il s’agit souvent d’innovation d’adaptation.
Mais adapter des solutions très innovantes par ailleurs en Nouvelle-Calédonie avec le Parc Naturel de la mer de Corail comme vitrine est un enjeu majeur ; il faut souligner que l’ensemble du modèle économique des porteurs d’action ne trouvera pas son écho uniquement en Nouvelle-Calédonie, où le marché est petit bien évidemment, mais plutôt dans l’ensemble de la région voire à l’international. Car les problématiques de préservation de la biodiversité sont les même pour tous les pays de la région, que ce soit ceux du Pacifique ou des autres océans et y compris pour les territoires plus terrestres.
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De quelle manière intervient Territoire d’Innovation dans l’accompagnement des porteurs de projets ?
Nous apportons du financement. Les conditions sont fixées par l’État en tant que bailleur de fond principal, par la Caisse des Dépôts, son opérateur, et par la Nouvelle-Calédonie qui est porteuse de projet. Tous les projets soutenus doivent s’aligner avec les conditions suivantes. Dans un premier temps, avoir l’ambition de faire de la préservation un levier de croissance.
D’autre part, ils doivent avoir un modèle économique qui soit le plus robuste possible afin de vivre d’eux-mêmes après la phase de subvention ou de prise de participation. Nous ne souhaitons pas accompagner les projets de manière ponctuelle mais véritablement les soutenir avec un effet levier. Enfin, comme dernière condition d’entrée, if faut que l’ensemble de l’équilibre financier du projet soit acquis avec l’ensemble des co-financements déjà présents. Pour les subventions publiques dans Territoire d’Innovation, le soutien ne peut excéder 49%.
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Qu’en est-il de l’évolution du programme Territoire Innovation aujourd’hui ?
En termes d’indicateur quantitatif sur le nombre d’action regroupés au sein de TI, les porteurs d’action se portent plutôt bien. Sur la dizaine de porteurs d’action initiale, nous n’en avons perdu que deux, ce qui est plutôt positif car nous travaillons dans des domaines où nous ne sommes pas forcément certains à 100% que tous les projets aboutiront. Les deux phases successives d’appel à manifestation d’intérêt pour faire entrer de nouveaux projets est également plutôt positive puisque nous avons intégré cinq projets en 2022-début 2023, et sommes en ce moment sur une nouvelle phase de sélection de porteurs d’action potentiels.
Au bout de 3ans et demi, quelques actions sont aussi déjà terminées. Elles ont rempli leur feuille de route et sont prêtes à une phase de croissance ultérieure.
Notre ambition est que l’ensemble des porteurs d’action continue à croitre dans leur modèle économique et que l’on parvienne à en agréger un maximum. Pour le moment, nous soutenons une quinzaine de porteurs d‘actions. Avec la volonté de faire de la préservation de la biodiversité et de l’environnement un levier de croissance, ce n’est évidemment pas à 15, voire 20 ou 30 que nous arriverons à générer des points de croissances des points de PIB. Notre ambition c’est que dans 5 ans, 10 ans, 15 ans, les 10 porteurs initiaux se soient multipliés par 10.
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La Nouvelle-Calédonie a été le seul lauréat ultramarin. Pourquoi est-ce important ?
Pour la Nouvelle-Calédonie, être lauréat d’un tel projet c’est pouvoir mobiliser des financements très importants. Il y a 700 millions de subventions et un potentiel en prise de participation d’1.3 milliard ; c’est tout de même énorme pour une économie comme la nôtre. Cet apport de financement dans la sphère privé est un levier de développement économique utile pour le territoire.
Au sens plus large, c’est aussi important pour la Nouvelle-Calédonie car cela montre à quel point un petit territoire comme le nôtre avec un bassin de population de 270 000 habitants peut être dynamique. Les 23 autres lauréats sont de grandes métropoles ou régions de l’Hexagone, des endroits où les flux financiers ou les mécanismes de soutien sont nettement plus mûrs, plus efficaces. En fait, nous sommes un peu le Petit Poucet parmi les 24 lauréats. Ceci confirme que le tissu entrepreneurial en Nouvelle-Calédonie est d’un grand dynamisme, d’une bonne innovation, ce qui est plutôt encourageant pour la suite.
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